Dans le monde effervescent de l’audiovisuel, Mélissa se démarque par son dynamisme et son engagement. Chargée de production au studio récemment renommé Adrenaline Studio à Lyon, elle partage son parcours, ses défis et sa vision avec une sincérité désarmante. Rencontre avec une professionnelle passionnée, dont le quotidien est rythmé par l’organisation, le stress et une profonde humanité.
Parcours d’une chargée de production passionnée
Mélissa a toujours su qu’elle voulait évoluer dans l’audiovisuel. Dès le lycée, elle s’immerge dans cet univers en suivant une spécialité cinéma au lycée de Minster en Alsace.
« J’ai commencé le cinéma au lycée », raconte-t-elle. Ce premier pas l’amène à poursuivre un BTS Audiovisuel en gestion de production à Montbéliard, suivi d’une troisième année en alternance à l’école des arts. Cette expérience hybride, mêlant théorie et pratique, lui permet de plonger dans le concret du métier. « Je me suis dit que ça pouvait être un bon moyen de combiner le professionnel et les cours théoriques qu’on pouvait avoir en classe, qui sont donnés par des professionnels également », explique-t-elle.
Trouver une alternance n’a pas été une mince affaire.
« J’ai eu beaucoup de mal à trouver une alternance, car dans ce milieu, c’est assez compliqué. Il y a beaucoup plus de demandes que d’offres », confie Mélissa.
Pourtant, sa détermination l’a menée jusqu’au studio, où elle occupe depuis décembre 2024 le poste de chargée de production.
Un quotidien de couteau suisse
Le rôle de Mélissa est aussi varié qu’exigeant.
« En tant que chargée de production, c’est vrai qu’on est amené à avoir beaucoup de missions, notamment les suivis de projet », détaille-t-elle.
Gestion des comédiens, déclarations administratives, contrats de travail, coordination avec les intermittents et les partenaires : elle est, comme elle le dit elle-même, « un peu un couteau suisse ». Son travail oscille entre la pré-production, plus axée sur le terrain et le tournage, et la post-production, où elle collabore avec des partenaires pour le mixage et autres étapes techniques.
Selon une étude de 2024, le secteur audiovisuel français emploie plus de 100 000 intermittents, un statut que Mélissa côtoie quotidiennement dans son travail.
Cette polyvalence demande une grande capacité d’adaptation et une maîtrise du stress.
« Il faut savoir prendre sur soi. Ce n’est pas toujours facile de rester calme face aux intempéries », admet elle.
Pourtant, c’est dans cette intensité qu’elle trouve du sens :
« Je pense qu’il faut apprendre à gérer le stress aussi, c’est important. On est amené à être souvent sous pression du fait des différentes missions qu’on peut avoir. »
Le recrutement des comédiens : un art à part entière
Une grande partie de son travail consiste à gérer les comédiens, qu’il s’agisse de recruter des talents confirmés ou de dénicher de nouvelles voix.
« Il y a plusieurs façons de faire pour le recrutement des comédiens. On peut soit avoir des comédiens avec qui on travaille déjà depuis un moment, soit c’est le client lui-même qui va nous dire : j’ai besoin d’un comédien comme ça », explique Mélissa.
Les castings, qu’ils se déroulent en studio ou à distance via des home studios pour les comédiens étrangers, sont un moment clé.
« On leur donne la bande rythmo avec le texte qu’ils doivent enregistrer, et chacun passe les uns après les autres. Ensuite, on envoie tout au client et il choisit. »
Travailler avec des plateformes comme Netflix impose également une rigueur particulière.
« La plupart de nos projets sont soumis à un contrat de confidentialité, notamment quand on travaille pour le groupe Netflix », précise-t-elle.
Elle veille à ce que comédiens et stagiaires signent ces accords pour préserver la confidentialité des projets, comme la version française de l’animé Kingdom ou d’autres séries comme Parasite et Ariol.
L’impact de l’intelligence artificielle sur le doublage audiovisuel
Interrogée sur l’impact de l’intelligence artificielle dans son domaine, Mélissa se montre partagée.
« D’un côté, je trouve ça super cool dans le sens où ça permet de développer pas mal de choses qui soient pratiques au quotidien », reconnaît-elle.
Cependant, dans le domaine du doublage, elle craint une menace pour les comédiens.
« Ça va, je pense, supprimer pas mal de travail pour les comédiens. […] Ces liens ne pourront jamais remplacer une personne, une vraie personne, notamment dans sa touche artistique », déplore-t-elle.
Malgré ces inquiétudes, elle reste pragmatique : « On est obligé de faire avec. »
Une touche culturelle au cœur du studio
Au-delà de la production, Mélissa s’investit dans l’organisation d’événements culturels pour faire vivre le studio.
« On organise tous les trois ou quatre mois une expo, un vernissage avec des artistes qui viennent de Lyon ou pas », raconte-t-elle.
Ces soirées, mêlant peinture, musique et rencontres, ne rapportent pas directement de bénéfices financiers, mais elles enrichissent le réseau du studio.
« Ça peut être des ingénieurs du son qui viennent découvrir, ou des clients. Ça peut rapporter de nouveaux contrats », ajoute-t-elle.
Ces initiatives incarnent l’esprit d’Adrenaline Studio : un lieu vivant, en constante évolution.
Une transition vers de nouveaux horizons
Le studio, anciennement nommé Studio O’Bahamas, a récemment pris un nouveau départ sous le nom d’Adrenaline Studio.
« C’était l’occasion d’évoluer et de voir autre chose », confie Mélissa.
Ce changement, motivé par la fin d’une collaboration avec un studio parisien et l’envie de se tourner vers de nouveaux projets, symbolise une ambition renouvelée.
« J’espère que ce changement va nous apporter plus de projets, encore plus d’animés, plus de films, et projets d’entreprises », espère-t-elle, tout en reconnaissant les défis de l’industrie audiovisuelle post-Covid.
Pour ceux qui souhaitent se lancer dans la production, Mélissa insiste sur la passion et la résilience.
En tant que chargée de production audiovisuelle, il faut être déterminé et ne pas se laisser submerger par ses émotions, être focus sur son objectif et surtout ne pas abandonner, parce que ce n’est pas un métier facile, c’est un métier de passion », conseille-t-elle.
Elle encourage à multiplier les projets, même modestes, pour apprendre et évoluer. « Croyez en vos rêves. Il ne faut pas faire ce métier pour de l’argent facile. »
Une vision d’avenir
À long terme, Mélissa envisage d’explorer d’autres horizons, peut-être dans la production musicale ou cinématographique.
« J’aimerais bien rester dans la production, mais pourquoi pas dans le domaine musical plutôt que la post-prod ? », s’interroge-t-elle.
Une chose est sûre : son énergie et sa passion continueront de la porter, dans un secteur où, comme elle le dit, « ça peut être chaud comme froid dans un jour ».
Mélissa incarne cette nouvelle génération de professionnels de l’audiovisuel, qui allient rigueur, créativité et détermination pour faire vivre des projets uniques. À travers son engagement, Adrenaline Studio s’affirme comme un espace de création et de rencontres, prêt à relever les défis de demain.

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